vendredi 5 décembre 2008

Intermission

Tout en accent rugueux et copieusement arrosé à la Guinness, Intermission nous emporte à Dublin suivre les mésaventures d’une poignée de personnages ordinaires à un tournant de leur vie - pour ne pas dire en plein pétage de plomb. Parfois violent, parcouru d’un humour très noir, le film passe en permanence du drame au polar, de la love story à la comédie la plus grinçante. A l’image du percutant prologue, John Crowley joue merveilleusement de la rupture de ton pour nous déstabiliser et rendre imprévisible le registre de la scène voire du plan suivant. C’est assez jubilatoire, mais rend dangereusement "spoilante" toute tentative de résumer l’histoire.

Accumulant un foisonnement de détails qui flirtent parfois avec le burlesque ou le trash, l’émotion surgissant sans prévenir au détour d’une réplique ou d’un regard, Intermission est un délicieux cocktail dans la lignée de Bons Baisers de Bruges, Sammy et Rosie s’Envoient en l’Air, The Snapper ou même Snatch. On y croise entre autres un policier obsédé par la violence et fan de musique celte (Colm Meaney), un étalagiste amoureux transi qui parfume son thé à la sauce piquante (Cillian Murphy), son pote miné par l’abstinence sexuelle, un vieillard handicapé qui boit sa Guinness sur le dos, une petite frappe détestable (Colin Farrell), un chauffeur de bus revanchard, une fille au duvet tenace (Shirley Henderson), un sale gosse qui adore provoquer des accidents et même une course de lapins. C’est tonique, parfois hilarant, vaguement désespéré et interprété à la perfection par une pléiade d’acteurs "à tronches" tous remarquables, qu’ils soient connus ou non.

Le scénario réserve de très bonnes surprises dont quelques scènes d’anthologie dans le pub local, le supermarché ou le club de rencontre pour dames d’un certain âge. Même si le réalisateur aurait pu faire l’économie d’un tic de cadrage un peu appuyé et que dix minutes de moins auraient densifié l’intrigue, Intermission est une excellente surprise comme nos voisins d’outre-manche (et en l’occurrence un peu au-delà) savent si bien les trousser. Epatant.

2 commentaires:

Erik Wietzel a dit…

J'aime assez la juxtaposition des 2 affiches, Bobby Intermission. Vraiment proches par l'esprit de la composition...

RobbyMovies a dit…

Ah oui tiens c'est vrai ! Les joies du hasard...

Robby