lundi 27 juillet 2009

Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé

Voilà, cette fois c’est la "bonne" : la saga Harry Potter est morte. Déjà douché par le précédent épisode (ah comme ce terme est désormais tristement adapté…) et son scénario poussif, c’est presque en croisant les doigts que je suis allé voir celui-ci : la bande-annonce était prometteuse, les plates errances de l’Ordre du Phoénix semblaient avoir été évitées au profit d’une ambiance plus tendue et surtout en retrouvant le faste des autres films. Seulement voilà, ce trailer d’1 minute 30 est d’une malhonnêteté rare qui frise l’escroquerie : la totalité des plans spectaculaires y sont visibles, jusqu’à une apparition de Voldemort adulte qui ne figure jamais dans le film lui-même.

Mais alors de quoi sont donc constituées les 2h30 restantes me direz-vous ? Eh bien par la pire évolution imaginable : un fade mélange de bit-lit et de teen movies où la préoccupation sentimentale rose bonbon prend presque toute la place. On passe d’un couloir à un autre, d’une salle de classe à la cafet’, pardon, à l’auberge du coin comme dans un soap pour ado mais où chaque décor serait fastueux (à défaut d’être surprenant puisqu’on les connaît déjà presque tous). Hermione est-elle jalouse, Ron amoureux ? Harry, dont Romilda est amoureuse, va-t-il embrasser Ginny qui sort avec Dean ? La copine de Ron va-t-elle évincer Hermione qui elle-même louche par dépit sur le beau Cormiac ? Vous vous en foutez ? Moi aussi !

Tant que ces préoccupations pré pubères n’étaient qu’un ingrédient de plus comme dans La Coupe de Feu, elles enrichissaient habilement la saga. Dès lors qu’elles deviennent centrales au détriment de l’intrigue et surtout du spectacle comme c’est le cas ici, on échoue dans le plus redoutable ennui. Car enfin J.K. Rowling n’est pas Shakespeare et, même en affectant une pose "dark" à la mode censée donner une crédibilité à n'importe quelle histoire à 2 sous, toutes ces aventures minuscules sont d’une désarmante platitude. Et comme les jeunes acteurs ou la réalisation ne sont pas assez denses pour faire oublier cette pauvreté d’écriture, le film n’est qu’une suite d’ennuyeuses et répétitives scénettes artificielles.

De temps à autre le scénariste (ou l'auteur ?) se rappelle qu’il s’agissait à l’origine d’affrontements entre puissants sorciers et l’on s’agrippe à ces quelques scènes comme un naufragé à son radeau. Rares, elles sont aussi malheureusement mal fichues et sans aucune densité dramatique. On retrouve d’ailleurs ici la marque de David Yates qui, comme pour le précédent opus, foire méticuleusement tous ses climax, même les plus porteurs !

Alors certes, le jeune public féminin passe la séance à glousser à chaque répartie d’Hermione ou à la balourdise de Ron, tandis que les lecteurs fans semblent satisfaits de ces nouvelles adaptations plus proches, paraît-il, des romans. Mais l’amateur de cinéma, d’imaginaire trépidant et bon enfant, de grand spectacle épique et de mystère au goût de contes de fées astucieusement remis au goût du jour qui caractérisaient la série jusqu’au quatrième film n’y grappillera que quelques pauvres miettes rassies parsemant un long bout à bout soporifique.

17 commentaires:

miette a dit…

Eh ben dis-donc, tu n'y vas pas de main morte!
Je te trouve dur avec ce dernier opus!
Certes, il n'arrive pas, selon moi, à la cheville des précédents, mais je lui ai trouvé beaucoup de charme et j'aime vraiment le changement d'ambiance qui a eu lieu avec David Yates: l'histoire évolue, les personnages grandissent, et je trouve ce nouveau regard sur la saga Harry Potter très intéressant et très... plaisant.
Cela aurait été vite lassant, "too much" de continuer dans la même lancée que les 4 premiers, que j'apprécie énormément.
Je suis aussi une immense fan de grand spectacle épique et de mystère au goût de contes de fées :-) et il est vrai que je ne me lasserai jamais de regarder les 4 premiers simplement pour me laisser prendre dans l'atmosphère, mais je pense que j'aurais été déçue si les réalisateurs suivants s'étaient laissés guider et avaient suivi un schéma identique.
Même si ce n'est plus un sourire enfantin qui apparaît sur mon visage lorsque les quelques premières notes du thème retentissent, mais plutôt un peu d'appréhension et de peur dues à la noirceur de l'évolution de l'histoire.
J'aime cette façon qu'a le réalisateur de nous balancer: "Harry n'a plus 10ans, fini les contes pour enfants" même si, encore une fois, j'adore être plongée dans les univers qu'offrent les 4 premiers et ce sont de loin ceux que je préfère.
Et les décors ne cesseront pas de m'impressionner, même si tout est bien plus accentué dans les premiers, mis en valeur, impressionnant, dans celui-ci tout est plus "brut" je dirais, la mer les rochers les côtes ou le sublime paysage qu'offre les fenêtres de Poudlard.
Une beauté plus forte car sans artifices, sans fioritures.
La magie est toujours bien présente pour moi, et quant à l'ambiance, la rupture avec les précédents font du 5 et du 6 justement des réussites à mon goût.
En revanche je suis plutôt d'accord avec toi sur les histoires de cœur un peu trop présentes mais amusantes (oui je fais partie du "jeune public féminin" :)
Mais de toutes façons il faudrait vraiment qu'ils pondent le pire des déchets pour que je puisse vraiment avoir qqch à en redire car je ne suis pas une spectatrice (encore moins une lectrice) très objective en ce qui concerne Harry Potter... :-) A partir du moment où le film réussi à m'emmener alors pour moi le pari est gagné.

PS: Je suis bien plus exigeante, dure et minutieuse pour les autres films :)

RobbyMovies a dit…

Je suis sorti du ciné furieux hier soir, ça doit se sentir en effet :D

Je pense que mon approche est proportionnelle à l'immense plaisir de découvrir en leur temps le 2, 3 et 4 sur grand écran.
Pour moi il n'y a ici aucune maturité ou tentative d'évolution vers le sombre (comme l'était le 3)mais juste un redoutable appauvrissement de forme laissant toute la faiblesse du fond occuper le terrain. Une sorte de prétention qui pense avoir les moyens de se passer du grand spectacle et du rythme de l'action. Or on est loin du compte !
Ok il faut admettre que l'orientation sentimentale va comme un gant à l'époque où Twilight et autres bluettes fantastiques cartonnent. Mais désolé, là c'est plus trop ma cam' comme dirait l'autre. :)

Robby ex-fan de Harry Potter ze movie

ManIac a dit…

Arf, voila bien qui confirme les sombres échos que j'ai pu entendre sur cette séquelle et qui me rebute encore un peut plus de payer mon entrée en salle.

miette a dit…

"Ok il faut admettre que l'orientation sentimentale va comme un gant à l'époque où Twilight et autres bluettes fantastiques cartonnent. Mais désolé, là c'est plus trop ma cam' comme dirait l'autre."

Han! Twilight! Je tiens à préciser que c'est pas du tout ma cam' non plus les teen movies à l'eau de rose! :-)
Quoiqu'il en soit je reste tout de même d'accord avec toi sur les grandes lignes malgré une déception nettement moins profonde et brutale que la tienne.

Miette fan inconditionnelle de Harry Potter et qui donnerait tout ce qu'elle possède pour avoir 10ans et entrer à Poudlard.

RobbyMovies a dit…

>Maniac
Il est clair que pour moi c'est la dernière fois que je tente le coup en salle.

Erik Wietzel a dit…

Miette : te rends-tu compte à quel point Poudlard est un endroit dangereux ? (o 0)

miette a dit…

Mais non c'est pas dangereux c'est juste Harry qui attire les ennuis :p

PS: Si j'avais un chat je l'appellerais aussi Boromir <3

Yaneck a dit…

Tout de même, il y a une chose pas tout à fait juste dans ton article.
Cette mise en avant des amourettes, conduisant à l'overdose totale, je suis d'accord, n'est pas le fait de JK Rowlings, mais celui des scénaristes.
Si ce sont des éléments bels et bien présents dans le livre, lui, n'oublie pas que l'intérêt du Prince de Sang mêlé, c'est de nous faire découvrir et comprendre qui est Voldemort.

Bref, une fois de plus, c'est le cinéma qui fait de la merde avec cette saga.

RobbyMovies a dit…

Considérant au moins 2 ou 3 films de la série comme étant excellents, je ne peux évidemment pas être d'accord avec ta conclusion. ;)

Unknown a dit…

Je n'ai pas encore vu cet opus, mais me souvenant particulièrement bien du livre, le côté "amourettes d'ado" tenait une place de second plan, elles étaient toujours là en fond mais à chaque fois teintées d'humour et décrite d'une telle manière que le regard qu'on en avait était très second degré. C'est surement beaucoup plus difficile déjà à la base à rendre en flim cette impression.
Bon de là à partir dans la facilité et céder à une mode de bit-lit (merci de m'apprendre des mots, Robby)il y a surement un fossé à ne pas franchir.

RobbyMovies a dit…

La "dose" d'amourettes était bien vue dans La Coupe de Feu et son bal qui avait pourtant irrité déjà pas mal de monde. Moi j'avais trouvé ça vachement bien vu et bien mis en image.
Et puis surtout il restait le "fond" magique, le final etc...
Là le problème, outre une réalisation pourrie qui pilonne l'émotion, c'est qu'il n'y a plus de spectacle. Juste des acteurs moyens qui ont des choses peu passionnantes à dire pendant 2h30.
Finalement le seul truc positif, c'est d'avoir changé à nouveau de compositeur pour la BO : là c'est toujours du second choix mais c'est tout de même mieux que Patrick Doyle. :D

Grand Nicolas a dit…

Bonjour,
je cherche à vous (te ?) joindre par mail, pourriez vous me contacter à kiforever@hotmail.com ?

Nicolas

NB : ce n'est pas pour vous assigner ou vous envoyer mes -impitoyables- tueurs à gages :)

eluus a dit…

Tu est assez dur envers Rowling alors que ses livres sont beaucoup plus fournis que ces pauvres adaptations, qui virent des chapitres entiers, pour pouvoir coller en 1h30. (3h serait un minimum je pense).

Le public du premier film grandit, ils sont ados maintenant, les réalisateurs ne font que suivre leur évolutions, voila pourquoi, je pense, ce dernier est très "SOAP"...

Phllox a dit…

Je trouve aussi que tu es assez dur. J'avoue m'y être moins emmerdé que lors du précédent, voire, j’ai passé un bon moment. Peut-être est-ce dû au contexte du moment "vacances les doigts de pied en éventail ». Quoi qu’il en soit, je te rejoint sur le fait qu’au travers des épisodes 1 – 2 – 3 (puis 4, quoi que …) on a assisté à une montée en puissance, qui s’est assez brutalement estompée au 5. L’épisode 6 est très proche du roman. La pierre à l’auteur donc… qui a laissé beaucoup de place aux égarements sentimentaux des protagonistes : Si le premier tome était destiné à des lecteurs assez jeunes, JKR a fait évoluer ses personnages au même rythme que ses premiers lecteurs : la faute à « l’age bête » donc. C’est probablement un parti pris qu’il faut accepter.

RobbyMovies a dit…

Ah tiens ça m'étonne. Je me rappelais que tu n'avais pas aimé le précédent, j'étais persuadé que celui ci t'indisposerait davantage encore héhé...
Ce qui est intéressant c'est que parmi les lecteurs, les avis sont très contradictoires : il y a ceux qui disent que le film ne respecte pas le livre et que l'omniprésence du sentimental est dû au scénario, et d'autres qui comme toi disent que c'est fidèle au roman...
Quoiqu'il en soit, et quelque soient les explications et origines du "problème", il est clair que je ne suis plus du tout client de la série. Je me contenterai de voir les 2 prochains films en DVD, mais certainement pas en salle.

garance a dit…

bon comme je l'avais dit sur le forum, j'ai bien aimé cet opus. Je l'ai même préféré aux autres (j'ai revu le 3-4 et 5 sur mon ordi avant d'aller au ciné)
Je comprends néanmoins ton point de vue et ta déception.
Ce que je ne comprends pas (et c'est toujours notre point d'achoppement sur le sujet) c'est ton refus de lire les livres et de découvrir l'univers d'Harry Potter pour ce qu'il est vraiment.
J'ai aussi relu tous les livres cet été, et même si les films sont distrayant, parfois spectaculaires, ils sont quand même loin de donner une idée de ce qu'est VRAIMENT Harry Potter.
Harry Potter c'est un monde entier, une société complète et cohérente avec ses idéologies, ses rites, ses traditions, ses structures de société, son fonctionnement politique.
Et je trouve que le 6ème film nous laisse le temps de pénétrer un peu mieux cet univers, notamment les décors. Même si c'est parfois un peu raté, je trouve que l'on se retrouve plus face à de vrais persos, des vraies vies, un vrai monde.
Beaucoup mieux que dans les autres films montés à la serpe, où chaque plan, chaque scène ne dure que deux secondes, dans la hâte de faire tenir un maximum de choses en un minimum de temps.
Quand je vais voir un film d'Harry Potter, je ne vais pas voir un film d'action.

RobbyMovies a dit…

Je pourrais te répondre que quand je vais voir un HP au cinéma, ce n'est pas pour pas assister à des atermoiements sentimentaux cul-culs et artificiels qui auraient davantage leur place en format 40mn sur petit écran. ;)
Car pour ce qui est de la vraie vie/vrais persos, pardon mais tout cela me semble manquer cruellement d'originalité et de vie justement. Sans compter des petits comédiens qui étaient charmants quand il s'agissait de films d'aventures mais qui n'ont absolument pas le talent, la carrure, l'intensité pour incarner de véritables personnages et occuper ainsi toute la place.

Par ailleurs je ne considère pas les 4 premiers films comme du cinéma "d'action" non plus. "Aventures", oui. La nuance est de taille !

Quant à ne pas lire les romans, il y a une raison toute simple : le manque d'envie. Ayant dépassé l'âge des devoirs de lecture :D c'est bien sûr l’envie qui guide avant tout mes choix. Or si j'étais un spectateur enthousiaste durant les 2h30 de chaque film, rien dans cette histoire ne me donne envie de remettre le couvert sur des milliers de page. Je veux bien croire sans peine que les romans sont plus riches que les films, mais il ne s'agit pas d'une autre histoire tout de même ?

Encore une fois, cette éternelle argumentation du livre Vs film n'est pas le fond du sujet pour moi. J'aimais ces films parce qu’ils étaient du cinéma justement. Un cinéma finalement assez rare par son ampleur, une certaine rigueur de mise en scène, un épatant mélange des genres, un souffle. Et le spectacle évidemment ainsi que quelques acteurs dont je suis fan. Bref c'est bien l'aspect purement cinématographique qui l'emportait et non ses dimensions littéraires qui, sans cette ampleur n'est pour moi qu'une trame gentillette.

Et l'évolution prise par les derniers développements, cette supposée "maturité" pour moi si superficielle, ne fait que me dissuader davantage encore de me pencher sur le cas JK Rowling.

Côté écran, le fait que le nouveau et piètre réalisateur se contente d’illustrer les livres au mieux pour satisfaire les lecteurs avant même d’en faire de véritables films est pour moi un non sens absolu. Car c'est tout ce que ses prédécesseurs s’étaient efforcés d’éviter.
Du coup s’agit-il seulement encore de cinéma ?
Toujours est-il que l’ennui profond l’emporte désormais haut la main sur le plaisir de la découverte. Robby triste.


@ Eluus : presque tous les films flirtent ou dépassent les 2h30. ;)