mardi 5 janvier 2010

Là-Haut

Pixar fête là son dixième long métrage et de quelle manière ! Après un Ratatouille fade et ennuyeux puis un Wall-E très surestimé, voici donc le retour de l’équipe de John Lassiter au meilleur de sa forme. En réunissant le réalisateur de Monstres et Cie et le scénariste du Monde de Nemo, c’est le cœur même de Pixar qui est à l’œuvre.

Bien qu’un peu circonspect vis-à-vis du graphisme, je dois reconnaître que la maîtrise du scénario, du rythme mais aussi du parti pris qui fait de Là-Haut un film véritablement tout public, c'est-à-dire bien au-delà de la cible enfantine, m'ont enthousiasmé. Chacun y trouvera son compte, de 7 à 77 ans comme l’on dit. À ce titre, la longue introduction relève de la perfection par sa manière à la fois elliptique et poignante de raconter toute une vie. Certes, c’est parfois idéalisé à la manière d’un Disney, mais avec tact et délicatesse. La musique de Michael Giacchino contribue à rendre cette première partie saisissante de maturité.

Une quête au long cours entraîne ensuite les deux personnages principaux dans une expédition qui tient à la fois du parcours initiatique, du steampunk et du film de jungle ; ce voyage en forme de conte relève d’une élégance tonique qui n’est pas sans rappeler l’univers poétique de Terry Gilliam. Le foisonnement esthétique et l'action pure côtoient un épatant comique de situation qui jamais ne tombe dans la grosse comédie : on rit aussi, mais pas seulement. Et puis cette mise en scène résolument cinématographique, inventive... Quel bonheur !

Évidemment ça suinte un peu la sucrerie sur la fin, avec cette morale fatigante qui autorise à une promesse faite à un enfant de prendre le pas sur toute autre considération, quitte même à trahir celle d’une vie faite à sa propre femme, quitte même à en mourir. Tout ça pour sauver une grosse poule, nouveau jouet d’un moutard vaguement capricieux.

Quant à l’autre ficelle puritaine qui voit la disparition des biens matériels comme négligeable, souhaitons que les millions d’américains qui ont récemment perdu leur toit n’entendent pas le héros lancer "ce n’est qu’une maison" en voyant sa si chère demeure sombrer à jamais.

14 commentaires:

Yaneck a dit…

J'adore ta conclusion. Je m'en veux de ne pas y avoir pensé moi-même.
Très politique, vraiment, j'adore. ^^

RobbyMovies a dit…

Merci Yaneck.

De fait cette réplique, je l'ai vraiment pris comme un gifle.

Raphaël a dit…

Personnellement j'aime beaucoup Ratatouille, mais je suis d'accord pour Wall-e. Quant à Là-Haut, j'ai bien aimé mais l'ai trouvé en-dessous des Indestructibles, ou de Monstres et Cie. La faute à un admirable début (comme vous dîtes, c'est la perfection) que le reste du film n'arrivera pas à retrouver, même si tout cela est très bien fait...

Benoît a dit…

J'avais été le voir au ciné et j'ai vraiment aimé. Le début est en effet très émouvant. Le reste est de haut-niveau. Je vous trouve juste dur pour Ratatouille mais totalement d'accord pour Wall-E

RobbyMovies a dit…

Concernant Wall-E, il faut à mon sens "déconnecter" la première demi-heure du reste. J'ai eu l'occasion de l'expliquer dans le billet consacré au film.
Mais son aura vient sans doute, comme pour Avatar finalement, de son "message" qui est en parfaite adéquation avec l'idéologie dominante en vigueur...

Ratatouille, je me suis véritablement ennuyé, et très rapidement. Il y manque à peu près tout ce que j'aime dans les Pixar que j'apprécie. C'est à dire l'exact opposé de ce Là-Haut qui pourtant ne m'enthousiasmait pas des masses au départ...

dasola a dit…

Bonjour Robby, Là-haut est un film qui m'a beaucoup déçue. Il m'a même énervée. C'est cucul la praline au possible. Mention spéciale au personnage du gamin, tête à claque au possible. Je n'ai aimé que le début du film. Cela aurait dû s'arrêter dès que la maison s'envole. Sinon, bonne année 2010 avec du retard et bonne après-midi.

Ultimatom a dit…

D'accord avec toi sur "Là-haut". Même si finalement, j'ai interprété la scène où le papi accepte de voir sa maison s'envoler, comme le deuil définitif de ses regrets, pour arriver aussi à dire adieu à sa femme.
Pour moi, cela fait écho au début du film, quand on essaie d'emmener le vieux à la maison de retraite et qu'il refuse de quitter sa maison.

RobbyMovies a dit…

Bonsoir Ultimatom

Oui bien sûr qu'il s'agit du deuil de sa femme, de sa vie passée... Je pointais juste l'incroyable maladresse du message, ainsi que son fond quelque peu moisi. Bref, ce n'est vraiment pas ce que je préfère dans le film.

A bientôt !

Erik Wietzel a dit…

Excellent pour moi aussi ! M'a réconcilié avec Pixar dont Cars puis Ratatouille m'avaient profondément ennuyés.

RobbyMovies a dit…

oué pareil, à ceci près que je n'ai même pas tenté Cars pour tout dire...

Erik Wietzel a dit…

J'ai revu le film hier, en Blue-Ray sur un grand écran.
Le pied !
Je reviens sur la trahison à la promesse faite à une femme : d'une part il dépose bel et bien la maison au sommet de la falaise. D'autre part, en rouvrant "le livre d'aventures" de son épouse, une sorte de journal intime débuté quand elle n'était qu'une petite fille, le vieux héros découvre non sans stupeur qu'elle l'avait poursuivi au-delà de la mention "choses qui restent à faire".
Elle y avait collé des photos du couple à travers les années. Sous la dernière photographie, qui le montre au chevet de son épouse mourante, il lit ce paraphe :"maintenant va vivre ta propre aventure".
IL ne trahit donc rien, bien au contraire...

Erik Wietzel a dit…

Bien aimé aussi les suppléments du DVD. Celui qui raconte, via les interviews des différents scénaristes, comment la fin du Vilain aurait pu être différente, est une chouette leçon d'écriture, de narration, de symbolisme.

J'attends sans impatience Toys story 3

RobbyMovies a dit…

Donc pas de trahison ? Ok. Pourtant je trouve tout de même que la raison qui le pousse à changer d'avis est dérisoire comparé aux autres "paramètres"...

Toy Story 3, mouaif non sans façon ^^

Erik Wietzel a dit…

Bien entendu, il ne va pas sauver la poule mais s'occuper de l'enfant, dont il devient alors le père de substitution.
C'est clairement l'enjeu du scénario côté personnages : Ellie et Carl voulaient des enfants et leur déception est amère. Une fois Ellie morte, Carl passe son temps à vivre confit dans la mémoire des moments passés ensemble, alors qu'il est visiblement en pleine forme physique - et bientôt mentale.
Je vais revoir la scène, mais il me semble bien qu'il change d'avis au moment où il trouve cette fameuse page.
D'autant plus qu'il est déçu par leur héros de jeunesse commun : le Méchant Muntz.
Ce que je trouve dingue en revanche, c'est qu'il s'agit encore d'un film de WASP. Où sont les héros de couleur ? Y en a pas. Un comble quand on sait que l'aventure se déroule ensuite en Amérique du Sud. Mais non, il n'y a que de valeureux aventuriers blancs, plus ou moins recommandables.
D'autant plus dingue quand on voit la composition "ethnique" de l'équipe artistique et scénaristique.
Le dernier Noir dans un Pixar, c'était une sorte d'Huggy les bons Tuyaux (égrillard, frimeur), dans les Indestructibles.
Bordel, mais qui va au cinéma aux US ?!

TS 3 ne m'excite pas du tout non plus. Sauf si Buzz redevient débile...